Je me sépare de ma conscience discriminante pour sublimer l'esprit. Je fais preuve de sérénité et j'attends le moment juste pour me délivrer de faux yin comme des leurres de la richesse.
A cinquante ans je fis de nouveau une sorte de retraite. Aucun bruit autour. Pas de maison habitée autour non plus. Le silence complet pendant quelques mois. Je me ressourçais dans la nature et la méditation. Je voyais peu de gens. Et je peignais. Je fis la série des « Planètes et Métaux ». La deuxième fois où j’entreprenais sérieusement l’exercice goethéen, c'était autour des métaux correspondant à chaque planète dans l'ancien système alchimique. J'ai réuni quelques exemples de minéraux comme des oxydes de fer, du cuivre, de l'or, etc. Je pris le temps de méditer sur chacun d'eux plusieurs fois à quelques jours d'intervalles pour m'assurer que je recevais des images semblables. Ce fut un temps fort, de beaucoup de concentration et avec bien sûr toujours des doutes concernant l'authenticité de mon expérience. Je me demandais si je recevais quelque chose de subjectif ou bien était-ce une réalité objective venant du monde invisible ? Le résultat se voit dans cette série, Planètes et Métaux." À d'autres de juger, un jour.
J'avais vingt quatre ans. J'étais enceinte de mon deuxième enfant. Sans raison apparente, je suis tombée malade pendant trois jours et trois nuits. À part une très grosse fièvre, il n y avait pas d'autres symptômes. Mais j'étais plongée dans un long et profond sommeil . Pendant ce sommeil, j’ai rêvait ceci :
Je vivais avec plein de gens en collectif dans une caverne que nous illuminions avec des bougies, car il n'y avait plus d'électricité, plus d'eau courante plus rien de notre vie moderne d’avant. Dehors tout avait été dévasté par une grande catastrophe. L'air était devenu irrespirable, l'eau était empoisonnée, la terre était si desséchée que plus rien ne poussait. Le soleil ne brillait plus. Il n’y avait que des rochers dans un paysage désertique à perte de vue. Un petit brin d'herbe poussait ça et là. Ma responsabilité au sein de notre petite communauté était de garder les enfants. « Garder » dans ces conditions-là devenait un acte de survie. À chaque instant « les autres » guettaient nos enfants. Ils avaient besoin de nos enfants pour leur propre survie. Ils n'étaient pas aussi nombreux que nous. Nous sortions les enfants tôt le matin avant les grandes chaleurs, car même si on ne voyait plus le soleil, la température devenait intolérable en fin de matinée. Nous les encerclions une fois dehors pour les protéger tout en scrutant le ciel à causer leurs engins. Ils se cachaient derrière l'épaisse et éternelle brume. Ils envoyaient de temps à autre l'un d'entre eux pour voler un de nos enfants. Le voleur d'enfant descendait de son vaisseau spatial par des moyens inconnus de nous. Il se cachait quelque part et malgré leur technologie très avancée, il utilisait des petites flèches empoisonnées pour capturer un enfant. Si une flèche se logeait dans la tête de l'un d'eux, on pouvait le récupérer. Si une flèche se logeait dans la tête et/ou la jambe, on pouvait encore sauver l'enfant. Mais si une flèche se logeait dans la tête, les jambes et le cœur, on perdait l'enfant pour toujours. Il pouvait être récupéré par « les autres. »
A 49 ans je me ressourçais près d'une abbaye cistercienne où les sœurs chantaient plusieurs fois par jours des chants grégoriens, mais je pleurais beaucoup, je mangeais peu car j'étais épuisé.... Puis un matin je me décidai. Je me dis « ici se trouve l’opportunité de t’ouvrir à la nature. Fais-le en paix. Tu n'auras pas souvent ce silence, ce temps disponible ».
Alors je décidai de me balader dans les champs et de m'arrêter quand une plante m'attira. De là, je la contemplai pendant des heures jusqu'à ce que je fut capable d'en faire une image parfaite dans tous les détails dans mon esprit avec les yeux fermés. Puis dès que l'image apparut, je fis le vide et j’attendis dans le noir complet. À la place de l'image « photographique » je reçus dans ma vision intérieure une forme géométrique, vibrant, de couleurs et de lumière, mais très éphémère. Dès que ce fut parti je la dessinai vite au mieux, car c'était presque impossible de la retenir dans ma conscience. La première fois, je me méfiai de l’expérience en pensant que c'était de l'illusion. Je refis le même exercice tous les jours avec une plante par jour. Une quinzaine en tout. Certaines plantes je les reconnus, d'autres non. Chaque fois je reçus une forme éthérique, vivante et qui semblait correspondre à chaque plante. À la fin du séjour, je n’eus que le temps de renouveler l’expérience des deux premières plantes : j'oubliai les formes reçues pour voir si j'avais quelque chose de semblable. Chaque fois je reçus des images identiques.
Ces formes "reçues" sont toujours en cours de travail artistique. On peut voir un premier jet dans la série : "Corps Élémentaires de Quelques Plantes."