De la mi-vingtaine à la mi-trentaine, j'avais souvent l'impression de me sentir dans un précipice surplombant un abysse. Pendant ces moments, j'avais l'impression que mon corps physique était sur le point de se dissoudre dans le néant. Une grande peur agrippait mon âme car j'avais l'impression de perdre conscience pour toujours et à jamais. Ces moments me sont venus à l'improviste ou au milieu d'une médiatisation. J'appellerais alors mon esprit dans mon corps et penserais aux choses les plus terre-à-terre, terre-à-terre. Pour chaque fois j'ai craint que je n'étais pas suffisamment préparé pour franchir le seuil.
A 38 ans, j'ai pu de nouveau trouver des moments à méditer dans une ambiance calme. J'ai eu un moment sublimes qui étaient comme un cadeau. Un matin, autour du solstice d'été, je me suis réveillée, sûre que j'allais recevoir un message important. Je me suis assise sur le lit. Je n’eus pas à attendre longtemps.
L'image de la plante archétypale s'est présentée à ma vision intérieure. Tout le cycle de la croissance de la plante s'est offert à moi en une seule fraction de temps. Toutes les phases de la plante, de la graine jusqu'à la floraison et enfin la mort se sont déroulées en un seul instant, sans temps linéaire, mais chaque phase était bien distincte. La conscience de la séquence linéaire a été remplacé par une expérience d'un simultanéité complet et cohérent. L'image éphémère s'est dissoute et à la place j'ai « entendu » ces mots qui retentissaient en moi: « Learn from the plant. It sais to you : The healing of the past and the hope of the future creates the wholeness of the present ». (Apprends de la plante. Elle te dit: la guérison du passé et l'espoir de l'avenir créent le présent harmonieux)
Bientôt, j'allais avoir une autre révélation. Je devais avoir cinq ans. Cette fois j'étais bien éveillée, pas d'ambiguïté possible, car ma mère me força à faire une sieste et je n'étais absolument pas fatiguée ! « Cela, n'est pas grave si tu ne dors pas, va te reposer au moins », me dit-elle. Allongée sur mon lit, agitée et pleine d'énergie, j'ai commencé par inspecter les crevasses et les trous du plafond. J'y voyais des paysages entiers, remplis de flore et de faune fantastiques. Je m'inventais des histoires peuplées par des êtres de toute sortes. Mais bientôt distraite, j'ai tourné mon regard vers la fenêtre. Des rayons solaires qui filtraient à travers le verre un peu sale illuminaient des millions de particules de poussières qui scintillaient, argentées, dorées, phosphorescentes, qui flottaient, circulaient et tourbillonnaient comme des étoiles, des planètes, des soleils, des galaxies entières. J'étais aspirée dans leur orbite. J'étais en transe. Un véritable univers m'était révélé. En un instant bouleversant j'« aperçus » une vérité qui ne laissa aucun doute dans mon âme : je vivais dans le corps d'un être créateur/créatrice. Ce corps vivant était composé de l'univers entier. Et dans mon propre corps/univers vivaient aussi des étoiles, des planètes, des galaxies et des êtres. J'étais un dieu/créateur de mon propre univers intérieur. Il existait des mondes imbriqués dans d'autres mondes qui à leur tour étaient imbriqués dans des mondes, de l’infiniment minuscule jusqu'à l’infiniment grand ! Je me suis sentie portée par ce créateur/créatrice d'un amour inconditionnel au milieu duquel je vivais et qui vivait en moi, embrassant tout l'univers, partout présent. Simultanément, je sentis la responsabilité écrasante de devenir un dieu bon, juste et doux envers les êtres dans mon corps/univers. Je compris que la moindre pensée qui n'était pas celle de l'amour pouvait créer des dévastations catastrophiques dans mon univers. J'avais le pouvoir de déclencher des ouragans, des tempêtes, des tremblements de terre en moi ! J'ai saisi avec une clarté qui dépassait l'entendement d'un petit enfant qu'il y avait une interpénétration de tous les univers, de tous les êtres, de toutes les particules. La vie intérieure influençait la vie extérieure et la vie extérieure influençait la vie intérieure.