Je sent que mon ange s'éloigne pour me laisser de plus en plus libre d'agir sur terre. Je commence à me sentir chez moi et j'écrit ceci :
Un Hymne pour la terre
Comme nouvelle patrie, tu as été nommée,
Alors que je descendais la pente abrupte,
Aspirée par la force de ton appel.
Mais en bas je me suis sentie bannie de mon ancien berceau.
Je ne t'ai plus reconnue.
Tu me semblais si froide, si étrange.
J'errais partout comme une folle.
Qui pouvait me guérir?
Puisque tout me torturait,
Je voulais m'enfuir loin...
Pour retrouver ma patrie au ciel,
La patrie à moitié perdue
Mais non oubliée.
Longtemps il fallut pour me libérer de cette envie.
Autrefois, debout sur des pierre dures,
Je les tiens maintenant comme des cadeaux purs.
Je t'embrasse comme les anciennes prêtresses.
Tu t'éveilleras en moi
Et en toi je chercherai les mondes
Que jadis je ne cherchais que parmi les étoiles.
Je me suis retrouvée sur une pente raide entrain de marcher. Je montais toujours plus haut vers un but important mais j'avais oublié lequel. J'avais aussi l'impression d'être perdue. J'arrivai enfin dans un endroit où il y avait un énorme palais resplendissant d'un blanc pur. Aussitôt, je voulus aller vers les portes. Mais en chemin, je suis passée à côté d'une sorte de première cour à ciel ouvert dans laquelle se trouvait une multitude de gens en haillons, certains pleurant amèrement, d'autres calmes et silencieux. Certains avaient l'air de brûler dans des flammes invisibles et avaient grand soif. D'autres souffraient d'un froid glacial. L'air aux alentours était empli de leurs cris. Je leur demandai aussitôt qui ils étaient et qu'est-ce qu'ils faisaient ici. Pas de réponse. C'était comme si ils ne me voyaient pas. J’eus pitié de leur souffrance. Mais je ne pouvais rien faire pour eux. Je continuai mon chemin et je suis passée sur un pont. J'ai trouvé des centaines d'énormes marches qui montaient vers des portails. Je les ai gravies une par une. Enfin je fus devant ces grands portails d'or et j'ai frappé pour demander si je pouvais entrer. Au moment où les portes allaient s'ouvrir et où je pouvais franchir le seuil comme si cela allait de soi, un énorme être m'est apparu. Il était ceint d'une lumière et sa voix tonnait : « Halte ! Qui a laissé cet être entrer ici ? ». En se tournant vers moi il continua doucement et avec beaucoup d'amour : « Tu n'es pas prête pour entrer ici. Si tu entres maintenant, ton âme souffrira énormément. Tu brûleras. Retourne d'où tu viens. Ton temps n'est pas encore venu ». Alors je lui ai tourné le dos et j'ai commencé le long chemin du retour sans me perdre.
J'approchai de mon deuxième nœud lunaire entre trente-six et trente-sept ans. Ce temps fut marqué par des expériences intérieures bouleversantes. Je me tais sur une d'elle pour dire juste que cela avait à faire avec la première rencontre de mon double. Si je me tais sur les détails c'est que c'était si éphémère que je doute de sa réalité. Mais je n'avais plus peur de mon côté noir. J'allais désormais l'embrasser avec amour pour le transformer.