Pendant ma tendre enfance, j'avais du mal à vivre dans mon corps, comme si un élément me manquait et que j'allais suffoquer. Ceci n'était pas pensé mais ressenti de façon obscure. Je vivais souvent un temps distendu, dans un « autre monde ». Des heures, peut-être des minutes ou des secondes s'écoulaient, qui sait, car le temps m'était étranger. Je ne fermais pas les yeux. Je ne créais pas ce monde consciemment. Ces moments surgissaient tout naturellement, à n'importe quel moment. Par moment, dans mon imagination, une immense mer m’enveloppait, immense mais intime. J'y nageais comme un poisson heureux. Cette atmosphère aquatique était impénétrable par le soleil aveuglant et impitoyable que je savais quelque part là-haut. Des lueurs douces et subtiles d'indigo, de bleu marine et de turquoise pénétraient cette ambiance nébuleuse et énigmatique par vagues successives. Je distinguais de temps à autre une couleur sans forme précise. Je descendais au plus profond de cette mer pour explorer des cavernes sombres et mystérieuses, découvrant des créatures embryogéniques mi plante mi poisson et étranges... des coquillages, des exosquelettes, et toutes sortes de formes tout en rondeur. Je me sentais chez moi, en sécurité dans un océan de vie baignée d'une lumière transcendante d'amour et de chaleur.
A 30 ans, encore une expérience difficile, mais enrichissante : un après-midi je me suis couchée après l'école, exténuée. J'ai dormi pendant des heures. Je voulais me réveiller mais je me suis trouvée dans un état à mi chemin entre le sommeil et l'éveil quand soudain une sorte d'être comme un chien ailé a essayé d'arracher mon bras énergétique droit. La peur m'a envahie. Mais soudain je savais que si j'arrivais à me réveiller, à être consciente, cet être ne pouvait pas avoir de pouvoir sur moi. Avec toute ma volonté je me suis appelée par mon nom et j'ai invoqué de l'aide à mes « guides invisibles ». En un instant j'étais réveillée avec une douleur aiguë dans mon bras. Je me suis assise pour reprendre mes esprits. J'ai pressenti que la lutte n'était pas terminée.