A 49 ans je me ressourçais près d'une abbaye cistercienne où les sœurs chantaient plusieurs fois par jours des chants grégoriens, mais je pleurais beaucoup, je mangeais peu car j'étais épuisé.... Puis un matin je me décidai. Je me dis « ici se trouve l’opportunité de t’ouvrir à la nature. Fais-le en paix. Tu n'auras pas souvent ce silence, ce temps disponible ».
Alors je décidai de me balader dans les champs et de m'arrêter quand une plante m'attira. De là, je la contemplai pendant des heures jusqu'à ce que je fut capable d'en faire une image parfaite dans tous les détails dans mon esprit avec les yeux fermés. Puis dès que l'image apparut, je fis le vide et j’attendis dans le noir complet. À la place de l'image « photographique » je reçus dans ma vision intérieure une forme géométrique, vibrant, de couleurs et de lumière, mais très éphémère. Dès que ce fut parti je la dessinai vite au mieux, car c'était presque impossible de la retenir dans ma conscience. La première fois, je me méfiai de l’expérience en pensant que c'était de l'illusion. Je refis le même exercice tous les jours avec une plante par jour. Une quinzaine en tout. Certaines plantes je les reconnus, d'autres non. Chaque fois je reçus une forme éthérique, vivante et qui semblait correspondre à chaque plante. À la fin du séjour, je n’eus que le temps de renouveler l’expérience des deux premières plantes : j'oubliai les formes reçues pour voir si j'avais quelque chose de semblable. Chaque fois je reçus des images identiques.
Ces formes "reçues" sont toujours en cours de travail artistique. On peut voir un premier jet dans la série : "Corps Élémentaires de Quelques Plantes."
Je sent que mon ange s'éloigne pour me laisser de plus en plus libre d'agir sur terre. Je commence à me sentir chez moi et j'écrit ceci :
Un Hymne pour la terre
Comme nouvelle patrie, tu as été nommée,
Alors que je descendais la pente abrupte,
Aspirée par la force de ton appel.
Mais en bas je me suis sentie bannie de mon ancien berceau.
Je ne t'ai plus reconnue.
Tu me semblais si froide, si étrange.
J'errais partout comme une folle.
Qui pouvait me guérir?
Puisque tout me torturait,
Je voulais m'enfuir loin...
Pour retrouver ma patrie au ciel,
La patrie à moitié perdue
Mais non oubliée.
Longtemps il fallut pour me libérer de cette envie.
Autrefois, debout sur des pierre dures,
Je les tiens maintenant comme des cadeaux purs.
Je t'embrasse comme les anciennes prêtresses.
Tu t'éveilleras en moi
Et en toi je chercherai les mondes
Que jadis je ne cherchais que parmi les étoiles.