Un jour, je pense que j'avais neufs ans, je me suis promenée dans une rue de notre quartier. Je ne pensais rien de précis et me sentais plutôt bien.
Subitement, j’eus l'impression que j'étais en train de mourir, que j'allais mourir là, tout de suite. Je n’eus pas le temps de réfléchir à ce qui m'arrivait car immédiatement après, j’eus la nette impression que je venais de renaître. Et à ce moment-là, je compris que j'étais en train de mourir et de renaître sans arrêt dans un cycle éternel. J'avais vaguement le sentiment que ce cycle était inscrit dans mon corps. J'ai réalisé que ce phénomène se déroulait continuellement et si rapidement que personne hormis moi ne pouvait s'en apercevoir. Au même instant j'étais submergée par une grande tristesse. Je voulais expliquer à mes parents que j'étais entrain de mourir. Ils avaient le droit de savoir quand même. Il fallait qu'ils sachent que le processus s'était déjà déclenché en moi. Mais je savais aussi qu'ils n'allaient pas comprendre que tout cela n'était pas grave puisque je renaissais après chaque mort. Et que cela se passera jusqu'à mon ultime mort. Non, je ne pouvais pas le leur dire, alors je me suis tue. Au moment où je suis devenue consciente de ces forces de la mort, la vie de la pensée s'est réveillée de plus en plus fort en moi.
Un jour je voyais que les plants de poivrons que j'avais mis en terre deux jours avant n'allaient pas bien. J'ai demandé aux esprits de la nature de m'aider à comprendre le problème. Je ne voyais toujours pas les êtres invisibles de la nature, mais je savais qu'ils étaient présents. Une nuit d'été j'ai rêvé ce genre de rêve qui semble plus réel que la vie éveillée. Il faut dire que j'étais toujours si fatiguée à l'époque que j'avais souvent le sentiment de ne pas être présente. Des dizaines et des dizaines de petits êtres sautaient sur mon lit très joyeusement. Ils m'ont encerclée en disant, « Martina, tu nous a appelés pour demander de l'aide. Nous avons entendu ton appel. Veux-tu venir avec nous? ». Au moment où je répondis oui, ils m'ont emmenée. Je me suis trouvée au pied de grands arbres avec des fruits rouges comme des pommes. Mais petit à petit je compris que j’étais dans mon potager, debout au pied des plants de poivron. J’étais devenue minuscule. Et je me suis exclamée, « mais je suis toute petite et les poivrons grands et les fruits rouges. Pourquoi ? ». Les êtres m'ont répondu, « Ici dans ce monde où tu te trouves, tout est le contraire. Tu es le monde astral où tout est à l'envers. Veux-tu notre aide ? Écoute bien et nous allons t'expliquer comment soigner les poivrons ». J’écoutais avec tout mon cœur. J'avais 29 ans.