Pendant ma tendre enfance, j'avais du mal à vivre dans mon corps, comme si un élément me manquait et que j'allais suffoquer. Ceci n'était pas pensé mais ressenti de façon obscure. Je vivais souvent un temps distendu, dans un « autre monde ». Des heures, peut-être des minutes ou des secondes s'écoulaient, qui sait, car le temps m'était étranger. Je ne fermais pas les yeux. Je ne créais pas ce monde consciemment. Ces moments surgissaient tout naturellement, à n'importe quel moment. Par moment, dans mon imagination, une immense mer m’enveloppait, immense mais intime. J'y nageais comme un poisson heureux. Cette atmosphère aquatique était impénétrable par le soleil aveuglant et impitoyable que je savais quelque part là-haut. Des lueurs douces et subtiles d'indigo, de bleu marine et de turquoise pénétraient cette ambiance nébuleuse et énigmatique par vagues successives. Je distinguais de temps à autre une couleur sans forme précise. Je descendais au plus profond de cette mer pour explorer des cavernes sombres et mystérieuses, découvrant des créatures embryogéniques mi plante mi poisson et étranges... des coquillages, des exosquelettes, et toutes sortes de formes tout en rondeur. Je me sentais chez moi, en sécurité dans un océan de vie baignée d'une lumière transcendante d'amour et de chaleur.
A 37 ans, j'ai eu un rêve très lucide : Pendant ce qui semblait toute une nuit je parlai avec un être très sage. J'étais une sphère et cet être était aussi une sphère. Nos deux sphères s'interprétaient et nous communiquions sans mots mais avec une précision impossible avec des mots. La discussion était très sérieuse. Je ne me souviens pas des détails mais il s'agissait du cours du monde, de l'avenir de la Terre et ce qu'il fallait surtout faire pour aider la prochaine génération à avancer dans la lumière. Je me suis rendue compte que je parlais avec un être d'une grande sagesse mais qui me traitait comme son égal. Mais je voulais à tout prix être consciente et réveillée pour savoir avec qui je parlais. Alors je me suis réveillée et assisse dans mon lit j'ai demandé intérieurement avec qui j'avais à faire. La réponse arriva avec un peu d'humour: « Si tu ne sais pas, cela n'est pas à nous de te le dire mais on peut te donner une énigme et un jour, tu sauras ». Et on m'a donné une énigme. Mais cela n'était pas si important. Ce qui vint après le fut bien plus. Les voix me disaient que le temps était venu pour que je rentre avec courage dans la seconde moitié de ma vie.